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Chez Francis Bourges
23 janvier 2021

37. Un Drame dans la colonne

Un Drame dans la colonne ! Chansonnette
Paroles de Eugène Rimbault ; musique de Emile Spencer
Paris (7, rue d'Enghien) : [s.n.], [1896]
chantée par Polin

Avec une bobonne très gentille,
On passait place de la Bastille
Quand elle me dit : « Si on montait
De d’ssus la colonne de Juillet. »

L’escalier était sans lumières
J’y grimpais la tète la première
D’façon à c’que quand elle montait,
J’lui chatouillais un peu l’mollet.

« Qu’est ç’tu fais ? », m’dit la bobonne
« Rien tu vois, j’explore la colonne !
Il fait noir, sacré nom d’un chien,
Mais j’trouve suffisamment l’chemin ! »

Là-haut j’lui dis « Viens voir ma chère,
On voit bien plus loin qu’les frontières
Et p’têt ben qu’y s’rait pas si tard,
On verrait p’têt Madagascar ! »

Du haut de notre observatoire
Nous restâmes jusqu’à la nuit noire,
Et quand on r’descendit soudain,
V’là qu’on avait fermé l’machin !

« Ben on est propre ! » dit la bobonne,
« On va r’monter d’sus la colonne,
On tachera d’faire signe aux passants
Sacré fourbi qu’il y a la d’dans ! »

« Jette ton mouchoir, dis-je à la belle,
On verra mieux qui qu’c’est qu’appelle »,
Elle le jette, et puis on attend,
Mais c’était p’têt pas suffisant…

« Jette ton jupon, jette ton corsage,
Au besoin, jettes-en davantage,
Moi, j’peux pas jeter mes vêtements,
Vu qu’ils sont au gouvernement ! »

Elle jette sa jupe, son corsage rose,
Mais ca produisait pas grand chose,
Alors v’la qu’elle balance en bas,
Son pantalon et puis ses bas !

Comme elle venait d’jeter sa ch’mise,
Et qu’on sentait une légère brise,
J’lui dis : « Garde tes jarretières sur toi,
T’auras toujours un peu moins froid ! »

Ayant perdu toute espérance,
Au sujet de notre délivrance,
J’dis a la p’tite : « Puisqu’c’est ainsi,
On va passer la nuit ici ! »

La bobonne resta sans voiles,
A r’garder briller les étoiles,
Et moi chaque fois qu’elle se ’r’tournait,
C’était la lune, c’était magnifique !

Enfin pour finir l’aventure,
L’matin à l’heure de l’ouverture,
J’descends chercher ses vêtements
Tombés au pied du monument.

Puis les ayant r’mis à la p’tite,
Au quartier moi j’cours au plus vite,
Et là-bas j’arrive juste à temps,
Pour que l’adjudant m’foute dedans. 

Notice au catalogue de la BNF :

https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb432807820

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Chez Francis Bourges
  • Francis Bourges a effectué son service militaire au 71e R.I. de Saint-Brieuc de 1895 à 1898. Il a recueilli dans un cahier les chansons que l'on chantait dans ce régiment. Ce blog restitue ce travail et ce qui en reste aujourd'hui sur la toile.
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